Environ 75 % du phosphore corporel est retrouvé dans le tissu osseux. Le phosphore joue ainsi un rôle clé dans la minéralisation osseuse et y est en lien étroit avec le calcium, ces deux minéraux formant la molécule d’hydroxyapatite (Ca10 (PO4)6 (OH)2), constituant majeur de la partie inorganique de l’os. Le phosphore est aussi retrouvé dans toutes les cellules de l’organisme, où il y est impliqué dans diverses fonctions, faisant de lui le minéral auquel on associe le plus de rôles physiologiques. Il est notamment impliqué dans le métabolisme énergétique en tant que composant de l’adénosine triphosphate (ATP), source d’énergie des réactions chimiques de l’organisme. Le phosphore est aussi un composant des acides nucléiques qui constituent l’ADN (acide désoxyribonucléique) et l’ARN (acide ribonucléique) et est donc essentiel à la synthèse protéique. Il est de plus impliqué dans de nombreuses réactions enzymatiques en étant un constituant de certaines coenzymes, dont le nicotinamide adénine dinucléotide phosphate (NADP), un transporteur d’hydrogène essentiel à l’oxydation du glucose. Enfin, le phosphore est un constituant des phospholipides, principaux constituants des membranes cellulaires. De par son rôle essentiel au bon fonctionnement de l’organisme, toute carence en cet élément peut engendrer des conséquences métaboliques graves.
Les apports en phosphore (P) sont déterminés en établissant le besoin en P de l’animal ou du groupe d’animaux correspondant donc à l’apport en P digestible à inclure dans l’aliment. Sachant que la digestibilité du P varie d’un ingrédient à l’autre et que le P provenant de l’aliment n’est jamais totalement digestible, la formulation des aliments occasionnera un apport en P non digestible. Les quantités de P total des aliments correspondent donc au P digestible et non-digestible de l’aliment. Une diminution des rejets en P par un changement de la composition de l’aliment passerait donc par une diminution de l’apport en P non-digestible.
Il existe différents liens entre ces deux minéraux. Au niveau de l’os, ils sont liés physiquement sous la forme d’hydroxyapatite. Au niveau intestinal, ils peuvent former des complexes insolubles Ca-phosphate et Ca-phytate limitant l’utilisation des deux minéraux par l’animal. Enfin, au niveau de leur homéostasie, bien qu’ils ne partagent pas les mêmes mécanismes d’absorption intestinale et de réabsorption rénale, ils sont régulés par les mêmes hormones. Ainsi, un débalancement dans un des deux minéraux va influencer l’utilisation de l’autre.
Le phosphore des matières premières d’origine végétale est soit sous forme phytique (environ 60 %) lié à une molécule d’inositol qui peut lier jusqu’à 6 groupements phosphates ou sous forme non-phytique. Le P phytique est peu disponible pour les monogastriques qui ne possèdent pas suffisamment de phytase endogène, enzyme nécessaire à la libération des groupements phosphates associés. Ainsi, des formes plus disponibles pour l’animal d’origine minérale (phosphates) et animale (farines animales) sont couramment ajoutées.
La phytase est une enzyme permettant d’augmenter la digestibilité du phosphore phytique contenu dans les produits d’origine végétale (ex. : maïs, orge, tourteau de soya). En ajoutant cette enzyme, la teneur en phosphore total des aliments peut être diminuée et le contenu en P des lisiers s’en trouve réduit de 30 à 60 % (NRC, 2012). La phytase est aujourd’hui reconnue comme une source de P au même titre que les phosphates en permettant une diminution significative de la production de phosphore d’un élevage porcin. Il est d’ailleurs à noter que cette enzyme est d’ores et déjà utilisée dans la quasi-totalité des élevages porcins québécois.
Une méta-analyse est une démarche scientifique systématique combinant les résultats d'une série d'études indépendantes et exhaustives sur un problème donné (ex : effet de la phytase sur la digestibilité du phosphore alimentaire), selon un protocole reproductible. La méta-analyse permet une analyse plus précise des données par l'augmentation du nombre de cas étudiés et de tirer une conclusion globale et généralisable (ex. La phytase permet d’augmenter la digestibilité du phosphore dans l’aliment).
Une méta-analyse ne comporte aucun essai sur les animaux. Cela implique plutôt un important travail de recherche et de compilation de résultats qui sont ensuite analysés statistiquement. Les méta-analyses sont donc des puissants outils pouvant permettre de voir plus clair à propos de sujets où les résultats entre les études peuvent parfois varier grandement.
Un modèle est une traduction mathématique d'une observation Y en prenant en compte les critères X qui l’influencent. Les animaux peuvent être assimilés à des systèmes complexes ouverts et à l’état stable qui sont traversés par des flux de matière qui subissent un ensemble de transformations qui constituent la nutrition. Ces flux peuvent être représentés par des modèles empiriques (entrée-sortie) ou mécaniste (en considérant les facteurs influents principaux).